Yuri • mon père, je devrais vouloir ne plus jamais le revoir, le détester, le haïr pour ce qu'il m'a fait. Mais je l'adorais et je l'adore toujours. C'est lui qui s'occupait de moi la journée, pendant que Mathis était avec notre mère. Mathis et moi, on appelait Yuri par son prénom parce qu'il ne supportait pas les surnoms, même le plus banal qui soit, comme un surnom marquant l'affection, mais je confirme qu'il est bel et bien notre père biologique. Il travaillait de nuit, c'était pour ça que la journée j'étais avec lui. La journée, on avait  une relation père-fils que personne n'aurait pu soupçonnée. C'était un père idéal. Passionné de musique, il m'a appris le solfège, le piano, et m'a transmis sa passion pour la musique classique et le jazz. Il m'a appris à lire et à écrire, si bien que lorsque ma mère s'en est aperçue, elle s'est débrouillée pour que je saute le CP. L'après-midi, quand il faisait beau, Yuri m'emmenait manger une glace sur les Champs-Élysées. Et puis, c'était vrai que je n'échappais pas pour autant à sa violence. J'ai toujours eu tendance à me casser facilement quelque chose, et lorsqu'il voyait le matin que j'avais un plâtre, il s'excusait toujours. Toujours. Ma mère et Mathis n'ont jamais eu d'excuses.

Like • des passions, j'en ai comme tout le monde. J'aime la musique, en particulier le jazz, lire l'Ecume des Jours même si je connais ce livre par coeur, la danse que je pratique depuis que j'ai huit ans mais que j'ai été contraint de stopper, tout du moins de pratiquer à un rythme bien plus lent à mes seize ans. Merci encore une fois, Mathis, dessiner, en particulier du manga, et aussi passer des après-midi à faire du sudoku.

Mode • je ne saurais pas dire si je suis la mode ou non, mais ce dont je suis sûre, c'est que j'aime les vêtements. Je serais capable de passer des heures entières à la recherche du jean ou même de l'accessoire parfait. Et aussi, contrairement à l'habituel cliché, j'ai l'oreille percée mais je ne suis pas gay. Je n'ai jamais eu la moindre attirance pour un homme et le dernier qui a tenté de m'embrasser c'est aussitôt retrouvé avec la belle empreinte de ma main sur sa joue droite  

Multiples identités • Parfois, certaines personnes me connaissent. Cependant, tu lui dis Yong-Sun Baptiste Satie, et ils ne voient pas de qui tu parles. Tu leur dis Ren Chabrier, Tasuku Yowane, Rachel Ellington ou  Charly Sampaio. Ren Chabrier, c'est l'identité que j'utilise sur Youtube et mes autres comptes, à part Facebook. Tasuku Yowane, c'est celle que j'utilise pour les mangas que je dessine ; ça fait plus japonais, donc ça fait croire que le mangaka est japonais et qu'il est forcément meilleur qu'un petit français. Rachel Ellington, je confirme que c'est bien un prénom féminin mais que j'apprécie beaucoup, c'est le nom avec lequel je signe mes partitions, quand on me commande une quelconque musique. Et Charly Sampaio... c'est l'identité que mon frère m'a fait utilisé lorsqu'il m'a traîné dans son monde, monde que j'aurais aimé ne jamais avoir connu. Si moi je fréquentais les meilleurs de la classe au collège, lui, à la fin de la troisième, il a commencé à fréquenter les habitués des exclus de cours dealeurs de drogues et m'a entraîné dedans. La suite ? Eh ben on est aujourd'hui tous les deux dépendants à la came.  Charly Sampaio, c'est aussi le nom que j'utilise lorsqu'il m'emmène dans ses innombrables soirées...

Love • la façon dont j'envisage l'amour est très simple. Je n'ai pas l'intention de me marier un jour. Je préfère enchaîner les petites histoires durant pas plus d'un mois plutôt que de me caser pendant un an comme je l'ai déjà fait au collège et au lycée. Et je suis sûr que je n'ai jamais été amoureux, de toutes façons. A part de mon piano, bien entendu. Je ne sais pas, l'amour, ce n'est pas ce qu'il me manque le plus. Mais peut être que justement, ce que j'attends, c'est de tomber amoureux.

Santé • suis-je vraiment obligé d'aborder ce sujet ? Il n'y a pas moyen de le sauter, voir carrément de l'effacer de ma vie ? Non ? Bien évidemment. Comme chaque personne, il y a un sujet que je n'aime pas aborder. Certain, c'est leur physique qui les dérange... moi c'est mon santé, ou plutôt mon état physique. On peut dire que pour vingt ans, je n'ai pas été gâté. Pourquoi est-ce que ma mère et moi haïssons tant mon frère ? Parce que c'est de sa faute. En juillet 2009, un ami de Mathis avait des affaires à régler avec un type. Ils nous a demandé de l'accompagner, au cas où. Au cas où quoi ? Au cas où ça dégénérerais.  Ce qui s'est passé, bien évidemment. Je me suis fait tiré dessus en essayant de régler le problème. Le type a sortis son flingue, et a tiré. Je suis tombé dans les bras de Mathis. Le temps de réaliser, et il s'est enfuit lâchement. Peut être parce que l'autre a voulu lui tirer dessus aussi ? La balle qui est dirigée vers Mathis a dévié et je me la suis prise à sa place. Est-ce le rôle d'un frère aîné de fuir ? J'ai échappé de peu à la paraplégie. Mais en contrepartie, j'ai perdu beaucoup de mon audition et mon pied. Infection. Plus tard, j'ai appris que c'était une de ses amies qui ne me connaissait pas qui m'avait aidé. Certes, depuis qu'il a appris ce qu'il m'était arrivé, Mathis essaie de se faire pardonner. C'est grâce à lui qu'on a réussit à me faire mettre une prothèse. Ma mère ne s'est même pas demandé d'où venait tout cet argent. Heureusement, puisqu'il venait d'un braquage de banque.