les quatres vies d'Hattie. Hattie et ses quatres vies. Ca sonne bien comme titre de prospectus. les extraits d'histoires dans les journaux. Les peits trucs illustrés qu'ont it chez le médecin quand tous les vogue sont déjà pris. Une histoire de trois pages. Mais son histoire à elle est loin de faire seulement trois pages.

Berlin, numéro un.
"l'amour comme un boomerang, agite mon coeur blessé" chantonnait le père. un accordéon était posé dans le coin de la pièce. la cheminée fumait, il neigeait. c'était l'hiver. "hattie, chérie, viens mettre le couvert veut tu ?"la vie était douce là bas. "ja, mutti."

"es tut mir leid, schazti" avait t'il dit. oui, c'est ce qu'il avait dit, les mains couvertes de cendre. la fumée l'étouffait. "es tut mir leid...." ses cheveux ressemblaient à des plumes. des plumes noircies.

Londres, numéro deux.

"hey jude, don't be afraid..." chantonnait la mère. un tourne disque était posé dans le coin de la pièce? les aiguilles à tricoter tintaient. c'était l'automne. "hattie, chérie va traire la vache." hattie ne répondit pas. le vent se faufilait entre les places mal jointes. il faisait froid.

Seattle, numéro trois.

" i wanna fly, can you take me far away..." chantonnait la jeune fille." elle se cassait demain. elle passa sur son skate, à toute vitesse, en tapant dans le dos d'un grand black qui faillait s'étouffer avec son dr.pepper "fuck it! t'es morte hattie !" disait t'il en toussant "bien sûr, dude" il allait lui manquer; tout ici allait lui manquer. les piques, et les niques sur les capots déglingués. les courses de skate sur la chaussée. la pluie. c'était le printemps

Paris, numéro quatre.

"hattie !!" la maison était grande. la tour aussi. hattie était minuscule. "on est arrivées.""oui;" souffla t'elle. "oui."

"hattie, qu'est ce qui s'est passé!é la jeune fille fulminait, et tentait de s'extirper de  l'emprise de la gouvernante qui lui bandait le crâne." ce qui s'est passé!! demande lui ce qui s'est passé!" et elle avait mal au crâne, hattie. mais la fureur l’empêchait de souffrir. flash. eau puis chute, muscle tirés, tendus. contact ferme qui la précipitait dans l'eau chauffée. puis choc, sang,  traces rouges diluées dans le chlore. remontée. sommeil.

elle avance hattie. ses pieds foulent le trottoir, ses yeux parcourent les rues bondées. elle sourit, elle regarde le ciel. un pas, deux pas, trois pas, sa destination se rapproche. elle sourit, elle hume l'air rempli de nuances de café amer. clic clac, fait le bruit de son sac. tic toc, retentit l'horloge qui trotte dans sa tête. habillée d'un jean bleu marine, et d'une chemise blanche, ses converses rouges soulèvent des gouttes d'eau fines et grises. le mois de mai est encore gris, les beaux jours se font attendre. elle a une veste cintrée, rouge également. elle a toujours ses cheveux châtains impénétrables, ce regard perçant. elle approche, trouve son but, tel un boxeur qui scrute un point faible, un angle mort. elle se plait à vibrer au rythme du vent, sent son esprit dériver ailleurs une nouvelle fois. il ne lui reste qu'un parc à parcourir, elle aperçoit le café derrière la rangée d'arbres déjà verts. elle avance et fixe ses pieds. son cerveau torturé ne cesse de lui implanter d'autres images dans la tête. jamais rien n'est fixe pour elle. ses converses muent en pieds nus, son jean en maillot de bain. le vert et le gris deviennent bleu et noir.. le silence devient bruit. et elle se noie hattie, elle se noie comme la première fois, elle se noie en suffoquant. lui, le "lui", celui qui la regarde battre des bras. lui le bras dur, le tortionnaire. et elle coule et elle meurt, elle inspire l'eau. et elle crève, le chlore la tue, l'eau lui brule les jambes, et elle hurle, devant le colosse qui la laisse là. il lui dit qu'a douze ans il faut savoir nager, et elle crie, seule, tandis qu'il croise les bras. les images flashent et arrivent, puis repartent. les images repartent et la laissent désemparée dans un silence assourdissant. arrête ça, hattie, se murmure t-elle à elle-même. tentative désespérée de reprendre un contrôle quelconque sur ses pensées. et elle avance et dégaine sa clope. son psy lui avait dit que ce n'était pas bon. que si elle continuait, jamais la noyade ni son trouble n'allaient disparaitre. mais elle envoie tout valser hattie, elle envoie en l'air les cachets. elle préfère mourir de douleur, plutôt que laisser ses cauchemars disparaitre, sous un coma médicamenteux.